Lu le 11 février 2013
La
Vague de Todd Strasser
roman
américain, 2008 (éd.Pocket), 153p.
« Christy
referma son pot de crème et s'installa confortablement dans le lit.
Ben n'avait toujours pas bougé. Il avait raconté à sa femme à
quel point ses élèves à sa grande surprise, s'étaient montrés
enthousiastes cet après-midi là, mais il avait omis de lui dire que
lui aussi s'était pris au jeu. Il serait presque embarrassant
d'admettre qu'il pourrait se faire avoir par un truc aussi simple.
Pourtant, à la réflexion, il savait que c'était la vérité.
L'échange intense de questions et de réponses, la quête de la
discipline parfaite étaient contagieux et en un sens, fascinants. »
(p.51)
La
Vague est basé
sur une histoire vraie, celle d'un petit lycée du fin fond des Etats
Unis, où, un beau jour, un professeur d'Histoire, dans le but de
faire comprendre aux élèves ce que signifiait être allemand au
moment de la dictature nazie, décide de mettre en place une
expérience pédagogique... Rapidement, le jeu de rôle prend une
ampleur inattendue, contre toute attente les élèves se passionnent
pour cette discipline militaire, ces slogans, cette annihilation de
l'individu au profit du groupe, et la bête obscure renaît...
L'intérêt du roman n'est que dans l'anecdote véridique, car par
ailleurs le texte, très maigre, est franchement mal écrit, et ne
mérite peut-être pas l'effort de sa lecture...
En
revanche, ce thème de l'aliénation des individus dans la folie
grégaire, de la fascination pour les uniformes, les étendards, les
slogans, et la musique wagnérienne, personne ne l'a, je crois mieux
retranscrite que Denis de Rougemont, témoin d'un meeting à la
gloire d'Hitler, à Munich, le 11 mars 1936 :
« Mais
voici une rumeur de marée, des trompettes au dehors. Les lampes à
arc s'éteignent dans la salle tandis que des flèches lumineuses
s'allument sur la voûte, pointant vers une porte à la hauteur des
premières galeries. Un coup de projecteur fait apparaître sur le
seuil un petit homme en brun, tête nue, au sourire extatique.
Quarante mille hommes, quarante mille bras se sont levés d'un seul
coup. L'homme s'avance très lentement, saluant d'un geste lent,
épiscopal, dans un tonnerre assourdissant de « Heil »
rythmés. (Je n'entends bientôt plus que les cris rauques de mes
voisins sur un fond de tempêtes et de battements sourds). Pas à pas
il s'avance, il accueille l'hommage, le long de la passerelle qui
mène à la tribune. Pendant six minutes, c'est très long... Ils
sont dressés, immobiles et hurlant en mesure, les yeux fixés sur ce
point lumineux, sur ce visage au sourire extasié, et des larmes
coulent sur les faces, dans l'ombre... J'ai compris. Cela ne peut se
comprendre que par une sorte de frisson et de battement de cœur –
cependant que l'esprit demeure lucide - ; ce que j'éprouve
maintenant, c'est cela qu'on doit appeler l'horreur sacrée. » Anaïs T.
J'ai vu le film (allemand celui-ci)il y a qq années. Flippant.
RépondreSupprimerOui, j'ai en effet entendu dire beaucoup de bien de ce film, je vais tacher de le voir !
RépondreSupprimerMerci pour le commentaire et à bientôt