mardi 24 mai 2016

Tu me manques d'Harlan Coben**


Lecture achevée le 20 mai 2016

Tu me manques d'Harlan Coben
roman américain, 2015 (éd.Pocket), 479p.

Je ne suis pas sûre qu'il soit nécessaire de présenter encore Harlan Coben - les amateurs de polars lui ont déjà confié leurs soirées thriller au coin du feu, lorsque ils ont terminé tous les romans de Mary Higgings Clark...
Dans celui-ci, Kat Donovan, fille et petite-fille de flic New new-yorkais, est amenée, en quelques jours, à régler ses comptes avec sa hiérarchie et un coéquipier snob, à retrouver son seul amour, à résoudre l'énigme de la mort de son père, à s'attaquer aux plus affreux des maffieux de la grosse pomme, à répondre aux angoisses d'un mystérieux adolescent et à solutionner l'inquiétante affaire de la disparition des amoureux numériques... et tout cela fonctionne plutôt bien, j'avoue ne pas avoir complètement vu venir la fin, et Dieu sait que je ne suis pas une bonne cliente ! Plus efficace que bien écrit - même si on trouve ici et là quelques savoureuses formules comme « une cravate nouée par quelqu'un qui avait du temps à perdre » - le principal intérêt de ces polars est dans leur efficacité et leur rythme : les chapitres et les situations s'enchainent, sans temps mort, mais si vous cherchez une vision du monde, une prose, une aura, quelque chose de différent, alors passez votre chemin... je vous l'ai dit, je suis mauvaise cliente ! Anaïs T.


Extrait :
« Kat ravala un soupir. Elle imaginait sa mère dans leur vieille cuisine au sol recouvert de lino, le téléphone coincé sous le menton, un téléphone mural en bakélite dont la couleur ivoire avait jauni avec les années. Elle avait un verre de chablis bon marché à la main ; le reste de la carafe devait être au frais dans le frigo. Sur la table de la cuisine, il devait y avoir une nappe en plastique imitation crochet. Le cendrier en verre ne devait pas être loin. Le papier peint au motif floral se décollait par endroits ; les fleurs en bouton étaient elles aussi devenues jaune pâle au fil du temps.
Quand quelqu'un fume dans une maison, tout finit par prendre une teinte jaunâtre. » (p.187)

vendredi 20 mai 2016

Blonde de Joyce Carol Oates****


Achevé en mars 2016

Blonde : les croûtes sur le crâne sous les cheveux peroxydés

Blonde de Joyce Carol Oates
roman américain, 2000 (éd. Le Livre de Poche), p.1110


Il y a plusieurs années déjà ma copine Cécile m'avait parlé de ce roman. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai tourné autour pendant longtemps, sans me lancer dans cette lecture...
Ce n'est pas le nombre de pages qui m'effrayait, je suis plutôt une grolivroïnomane ! Ce n'est pas non plus un quelconque soupçon sur l'auteur : j'en suis convaincue maintenant, Joyce Carol Oates est LA plus grande romancière américaine de notre époque – et ma toute récente lecture de Maudits, une chronique des happy few de l'université d'Oxford revisitée sauce gothique, m'a encore confortée dans cette idée, mais je tacherai de vous parler de ce génial roman plus tard. Alors pourquoi avoir tant tardé ? Peut-être par peur d'être déçue, de découvrir un roman qui serait très bon, très bien écrit, très intéressant, mais pas la hauteur du chef d'oeuvre attendu... et pourtant ! Quelle claque !
Il faut lire Blonde tout affaire cessante, ne faites pas comme moi et ne perdez pas votre temps à lire autre chose. Dire qu'il s'agit d'une biographie romancée de Marilyn Monroe, c'est peu dire : c'est l'histoire d'une femme intelligente et blessée qu'on a prise pour une cruche, c'est la vérité et les tourments de l'âme derrière la plastique parfaite, c'est les croûtes sur le crâne sous les cheveux peroxydés, c'est la brutalité masculine derrière les couvertures souriantes des journaux... On ne sort pas sans quelques bleus et bosses émotionnels de ce bouquin, avec une envie dévorante de revoir ce visage pourtant déjà vu mille fois, coupable de ne l'avoir pas mieux regardé, de ne pas avoir su deviner les croûtes sous la blondeur... Anaïs T.

extrait :
« D'accord, c'était un maquereau.
Mais pas n'importe quel maquereau. Pas lui !
Il était un maquereau par excellence. Un maquereau sans pareil. Un maquereau sui generis. Un maquereau ayant une garde-robe et de la classe. Un maquereau à l'élégant accent britannique. La postérité honorerait en lui le Maquereau du Président.
Un homme de mérite et d'importance : le Maquereau du Président.
Au Rancho Mirage de Palm Springs en mars 1962, voilà que le Président lui donnait un coup de coude dans les côtes en poussant un petit sifflement. « Cette blonde là-bas. C'est Marilyn Monroe ? »
Il dit au Président que oui, c'était elle. Monroe, une amie d'un ami à lui. Appétissante, hein? Mais un peu folle.
Pensivement, le Président demanda : « je suis déjà sorti avec elle ? » (p.1034)