Doggy
bag, jeu de massacre
Doggy
bag, saison 1 à 6,
de Philippe Djian
roman
français, 2005-2008 (éd.10/18), 1484 p.
«
L'énorme
lustre rompit ses amarres avant que quiconque ne parvînt à
s'enfuir. Il explosa sur le sol au milieu des hurlements et des
stands. Il y avait des blessés. La jeune femme qui exposait bien
malgré elle sa culotte une seconde plus tôt avait à présent les
reins transpercés par un éclat de verre de la taille d'une faux
épaisse. » (Doggy bag saison 6, p.461)
Alors
voilà : Doggy
bag,
c'est l'histoire d'une famille de dingues, tous plus névrosés les
uns que les autres, de la septuagénaire qui veut se venger de son
infidèle de mari au susdit mari, menteur et manipulateur hors pair
qui, sur le tard, et comme pour mieux contrarier encore sa colérique
épouse, se transforme en bon samaritain, pire, en créature sainte
avec élévations mystiques et tout le bazar évangélique... C'est
aussi David et Marc, sortes de Caïn et Abel post-modernes, deux
frères qui se retrouvent et se déchirent, autour d'Edith, femme
fatale si convoitée, et si vide et quelconque aussi... Les
personnages sont tous plus savoureux les uns que les autres, comme
Catherine, vamp nymphomane qui ne sort qu'en Louboutin et tenue
Vivienne Westwood, Béa, secrétaire impeccable et amoureuse
sacrificielle dans l'indifférence générale, ou encore Roberto,
éternel perdant, suiveur, oublié des frères solaires, jusqu'au
jour où il devient l'amant vénéré de Sonia, la fille de l'un
d'eux...
Philippe
Djian a écrit sa série romanesque comme une série télévisée :
des rebondissements rocambolesques à chaque fin de chapitre ou
presque et surtout, et c'est sans doute ce qui procure la couleur
ironique si particulière de ce texte, des catastrophes qui
s'abattent régulièrement et sans pitié sur notre petit monde. La
famille Solens subit, entre autres et tour à tour, une inondation
cataclysmique, un attentat dans un grand magasin la veille de Noël,
l'incendie, des voisins apprentis sorciers, la canicule, le froid
extrême, et même une attaque d'ours ! Il faut voir comment une
petite communauté de paroissiens guidée par son prêtre plein de
bons sentiments se fait littéralement exterminer par ce plantigrade
un jour de promenade dans les bois !Derrière chacune de ces
situations cocasses et grandguignolesques, on devine le sourire
régalé de l'auteur, qui parvient comme personne à nous transmettre
son plaisir de l'écriture.
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