dimanche 10 février 2013

Doggy bag, de Philippe Djian****


Doggy bag, jeu de massacre
Lu le 10 janvier 2013

Doggy bag, saison 1 à 6, de Philippe Djian
roman français, 2005-2008 (éd.10/18), 1484 p.


«  L'énorme lustre rompit ses amarres avant que quiconque ne parvînt à s'enfuir. Il explosa sur le sol au milieu des hurlements et des stands. Il y avait des blessés. La jeune femme qui exposait bien malgré elle sa culotte une seconde plus tôt avait à présent les reins transpercés par un éclat de verre de la taille d'une faux épaisse. » (Doggy bag saison 6, p.461)

Alors voilà : Doggy bag, c'est l'histoire d'une famille de dingues, tous plus névrosés les uns que les autres, de la septuagénaire qui veut se venger de son infidèle de mari au susdit mari, menteur et manipulateur hors pair qui, sur le tard, et comme pour mieux contrarier encore sa colérique épouse, se transforme en bon samaritain, pire, en créature sainte avec élévations mystiques et tout le bazar évangélique... C'est aussi David et Marc, sortes de Caïn et Abel post-modernes, deux frères qui se retrouvent et se déchirent, autour d'Edith, femme fatale si convoitée, et si vide et quelconque aussi... Les personnages sont tous plus savoureux les uns que les autres, comme Catherine, vamp nymphomane qui ne sort qu'en Louboutin et tenue Vivienne Westwood, Béa, secrétaire impeccable et amoureuse sacrificielle dans l'indifférence générale, ou encore Roberto, éternel perdant, suiveur, oublié des frères solaires, jusqu'au jour où il devient l'amant vénéré de Sonia, la fille de l'un d'eux...
Philippe Djian a écrit sa série romanesque comme une série télévisée : des rebondissements rocambolesques à chaque fin de chapitre ou presque et surtout, et c'est sans doute ce qui procure la couleur ironique si particulière de ce texte, des catastrophes qui s'abattent régulièrement et sans pitié sur notre petit monde. La famille Solens subit, entre autres et tour à tour, une inondation cataclysmique, un attentat dans un grand magasin la veille de Noël, l'incendie, des voisins apprentis sorciers, la canicule, le froid extrême, et même une attaque d'ours ! Il faut voir comment une petite communauté de paroissiens guidée par son prêtre plein de bons sentiments se fait littéralement exterminer par ce plantigrade un jour de promenade dans les bois !Derrière chacune de ces situations cocasses et grandguignolesques, on devine le sourire régalé de l'auteur, qui parvient comme personne à nous transmettre son plaisir de l'écriture.
Bref, Doggy bag c'est au propre et au figuré un jeu de massacre vraiment réjouissant... Anaïs T.

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