dimanche 10 février 2013

Les Caractères sexuels secondaires, de Tania de Montaigne*

Les Caractères sexuels secondaires, gourmandise sucrée-salée

 Lu le 4 février 2013

Les Caractères sexuels secondaires de Tania de Montaigne
roman français, 2009 (éd.Pocket), 217p.


«  Dans le livre des femmes comme tout le monde, les gens se nomment Debra Sanders ou Matt McGraw et c'est rassurant. Ils vivent dans le Colorado et possèdent une bonne assurance-vie, des parents croyants mais très ouverts, un ou deux abats-jours à fleurs. » (p.51)

« Dans la vie des femmes comme tout le monde, il n'y a pas de si, il y a la certitude, toujours, il y a l'intuition féminine. La femme comme tout le monde est anticipation, réaction, pouvoir mystérieux.
Elle dit : Oh toi, tu me caches quelque chose.
Elle dit : Je sais très bien ce que tu penses. 
Elle dit : J'ai tout deviné Tommy, je vois très bien où tu veux en venir.
La femme comme tout le monde comprend tout en un regard, elle devine, elle pressent.
J'ai trente quatre ans moins trente minutes et je ne pressens pas grand chose. » (p.159)

Après Patch, Geneviève ou la théorie du cinq et Tokyo c'est loin, c'est avec gourmandise que j'ai retrouvé la plume sucrée-salée de Tania de Montaigne, un dessert pas si réconfortant que ça...
Doit-on employer le terme à la mode d' « autofiction » ? Sans doute, oui, mais au sens large, Tania ne parle pas seulement d'elle, mais de nous toutes, car oui, c'est un roman pour filles, et qui s'assume bien parce qu'on est loin des bêtises pintadières !
Je ne sais pas si Tania de Montaigne a une mère qui vit au douzième étage d'un immeuble à l’ascenseur peu fiable, je ne sais pas si sa grand-mère fumait des cigarettes en disant « y a pas à tortiller », et je ne sais pas non plus si faire semblant de maitriser le morse est une habitude chez elle, mais ce que je sais en revanche, c'est que ses préoccupations et ses soucis de femme de trente quatre ans, je les partage. Comment en effet ne pas sans cesse comparer ce qu'on est devenue en tant qu'adulte, à l'image – lointaine – que l'on s'en faisait plus jeune... Est-on à notre tour devenue une « femme comme tout le monde », ou bien fait-on semblant, ou au moins essaye-t-on de donner le change... ? Bref, lire Les Caractères sexuels secondaires, c'est se faire plaisir en donnant un peu dans la littérature de nanas, et en savourant ici et là de jolis effets de style, mais c'est aussi faire un petit point sur toutes nos petites crises et hypocrisies du quotidien. Pas si superficiel que ça.   Anaïs T.

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