Un
été en Turquie avec Orhan Pamuk (2)
Achevé
le 4
août
2014, près
d'Antalya
Mon
nom est Rouge d'Orhan
Pamuk
roman
turc,
1998
(éd.Folio), 736p.
«
Maintenant je
suis mon cadavre, un mort au fonds d'un puits. J'ai depuis longtemps
rendu mon dernier souffle, mon cœur depuis longtemps s'est arrêté
de battre, mais, en dehors du salaud qui m'a tué, personne ne sait
ce qui m'est arrivé. Mais lui, cette méprisable ordure, pour bien
s'assurer qu'il m'avait achevé, il a guetté ma respiration,
surveillé mes dernières palpitations, puis il m'a donné un coup de
pied dans les côtes, et ensuite porté jusqu'à un puits, pour me
précipiter par dessus la margelle. Ma tête, déjà brisée à coups
de pierres, , s'est fracassée en tombant dans le puits ; mon
visage et mon front, mes joues se sont écrasés, effacés ; mes
os se sont brisés, ma bouche s'est remplie de sang.
»
(p.13)
Mon
Nom est rouge
est construit à la manière d'un roman policier : tout commence
par un crime, dont on ignore mobile et assassin, et ensuite se
succèdent les prises de paroles, les témoignages, plus ou moins
sincères, des très nombreux personnages liés au crime. Mais cette
fois nous sommes loin des rues de Chicago ou encore des paysages
chaotiques islandais auxquels le genre du roman policier nous avait
habitués : Orhan Pamuk place son enquête dans l'Istambul du
XVIe siècle, dans le milieu très codifié et très fermé des
miniaturistes et des enlumineurs. Aux motifs habituels des jalousies,
des ambitions, des hypocrisies et des amours passionnels, s'ajoutent
ceux, plus spécifiques et plus érudits, des techniques picturales
et de la rivalité entre l'art ottoman et l'art occidental, qui se
rencontrent
tout en se défiant en cet hiver 1591. L'occasion de découvrir
certains des chefs d'oeuvre de l'art Ottoman,
tirés du Sürname
de Mourad III ou Livre
des réjouissances et du Hünername ou Livre des gestes. Anaïs
T.
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