Achevé
le 11 août 2014
Le
Diable, tout le temps
de Donald Ray Pollock
roman
américain, 2011 (éd.Le livre de poche), 403p.
«
Le pasteur
Teagardin essuya son front large et lisse aec un mouchoir brodé, et
évoqua une église dans laquelle il avait servi pendant un moment, à
Nashville, où il avait l'air
conditionné. Il était évident qu'il était déçu par
l'installation de son oncle. Seigneur, il n'avait même pas de
ventilateur. En plein été, cette vieille bâtisse devait être une
salle de torture. Son esprit se mit à vagabonder, et il commençait
à paraître aussi somnolent et ennuyé que sa femme, mais Arvin
remarqua qu'il se ragaillardit nettement quand Mrs Alma Reaster
arriva accompagnée de ses deux filles adolescentes, Beth Ann et
Pamela Sue, âgées de quatorze et seize ans. C'était comme si deux
anges avaient voleté dans la pièce et s'étaient posé sur les
épaules du pasteur. Malgré tous ses efforts, il ne parvenait pas à
détourner les yeux de leurs corps fermes et bronzés, vêtus de
robes assorties jaune pâle. Soudain inspiré, Teagardin commença à
parler à tous ceux qui l'entouraient de constituer des groupes de
jeunes,
quelque chose de très efficace qu'il avait vu dans plusieurs
paroisses de Memphis. »
(p.263)
Âmes
sensibles s'abstenir, ce roman est une horreur -
mais
c'est délicieux !
En
fait de Diable, c'est bien de Dieu dont il s'agit ici et de toutes
les folies que certains Américains font en son nom : des
prédicateurs pédophiles aux meurtriers sacrificateurs, des
fanatiques criminels aux tueurs en séries biblico-esthètes, sous
nos yeux défilent des personnages hauts en couleurs qui ont en
commun d'adorer Dieu dans leur folie jusqu'à commettre les actes les
plus contre-nature. Pourtant, plus la nature humaine est laide et
perverse, plus l'écriture de Donald Ray Pollock est belle. Sublime
horreur qu'on a du mal à oublier ! C'est
sans doute ma plus belle claque de l'été...
Anaïs T.
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