samedi 15 mars 2014

L'Expérience Oregon de Keith Scribner*


Achevé le 14 mars 2014

L'expérience Oregon de Keith Scribner
roman américain, 2011 (éd.10/18), 496p.

« Mon Dieu ! Et s'ils y restaient si longtemps que ça ? (…) Leurs gosses grandiraient pleins de confiance, « purs produits » de l'Oregon. Ils feraient partie de l'organisation de la jeunesse du ministère de l'agriculture. On viendrait chercher sa fille dans des pick-up rutilants. Un fils étudiants en agronomie et inscrit au club de tir du lycée. Ou ils s'installeraient dans une communauté dans les collines – leur fils passerait sa vie à jongler et à coudre des clochettes sur son chapeau de bouffon en velours flapi, leur fille à adorer la lune et à faire de la peinture avec le sang de ses règles. » (p.99)


Lorsqu'elle emménage avec son universitaire de mari en Oregon, Naomi fait la gueule : elle a perdu son sens de l'odorat or elle est nez de profession. Quand elle retrouve enfin son odorat au contact de ces senteurs nouvelles et si exotiques pour la New new-yorkaise qu'elle est – le plus souvent subtil mélange de patchouli, muffin au carottes et aisselles, Naomi fait la gueule de plus belle : décidément, c'est à New York qu'elle veut vivre. Quand nait son enfant, si attendu, c'est encore et toujours la gueule : problèmes d'allaitements cette fois... Bref, ce n'est pas dans son intrigue, ni dans son personnage principal qu'il faut chercher l'intérêt de ce roman.
En revanche, le personnage de Clay, jeune anarchiste avide d'amour et passionné par le dynamitage de 4×4 ou encore de Séquoïa, écolo-alter-mondialiste-sécessionniste et mère-courage célibataire, sont plus attachants : ils nous racontent une Amérique que nous ne connaissons pas. Celle qui s'est faite dans l'ombre du rêve américain, celle de tous ces gens pour qui ascension sociale et possessions matérielles ne constituent pas un idéal de vie. Ces gens qui trouvent les Etats Unis trop grands. Qui rêvent de connaître leurs voisins, de vivre sans les géants de l'agro-alimentaire ou les laboratoires pharmaceutiques, qui aiment les arbres et les légumes du jardin. Et qui sont prêts à se battre pour leurs valeurs. L'expérience Oregon nous raconte une Amérique à l'opposée de celle des traders ou des obèses gorgés de bic-macs, et nos clichés sur les Américains en prennent un coup. Tant mieux.     Anaïs T.

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