dimanche 15 décembre 2013

La Liste de mes envies* de Grégoire Delacourt


Achevé le 15 décembre 2013

La Liste de mes envies de Grégoire Delacourt
roman français, 2012 (éd. Livre de Poche), 184 p.

«  C'est le besoin d'un tapis de bain antidérapant qui nous maintient en vie. Ou d'un couscoussier. D'un économe. Alors on étale ses achats. On programme les lieux où l'on va se rendre. On compare parfois. Un fer Calor contre un Rowenta On remplit les armoirs lentement, les tiroirs uns à uns. On passe une vie à remplir une maison ; et quand elle est pleine, on casse les choses pour pouvoir les remplacer, pour avoir quelque chose à faire le lendemain. » (p.127)


L'argent ne fait pas le bonheur. C'est en effet de cette manière un peu convenue que l'on pourrait résumer le livre de Grégoire Delacourt, sorte d'apologue moderne sur la quête perpétuelle et illusoire de la possession.
L'héroïne, Jocelyne Guerbette. Ni belle, ni riche, ni jeune, ni particulièrement intelligente. Mercière à Arras. Mariée à Jocelyn Guerbette. Ni beau, ni riche, ni jeune, et franchement médiocre. Elle rêve du dernier manteau de chez Caroll, et pourquoi pas, de changer son père atteint d'Alzeimer de maison de retraite. Il rêve d'un Porsche Cayenne. Médiocrité provinciale et rêves de grandeur – comprendre : de marques !, on pourrait penser à Madame Bovary, or c'est Belle du Seigneur que Grégoire Delacourt choisit d'enfermer en creux dans son roman. Parce que là où Jocelyn pense luxe et grosse bagnole, Jocelyne, elle, rêve d'absolu. Enfin pas tout de suite. D'abord elle pense petit bonheur quotidien : plutôt clairvoyante, finalement, elle devine que si elle parle de son récent gain au loto, 18 547 301 euros et 28 centimes, elle perdra tout, à commencer par ce petit mari imparfait. Et puis la vie lui donne raison, alors le bonheur, il faut le redéfinir...
D'une lecture facile, La Liste de mes envies est agréable, sans plus, mais il a le mérite de redire des vérités que notre société de consommation a tendance à oublier. Malgré tout, si vous n'êtes pas encore convaincus que l'argent ne fait pas le bonheur, loin sans faut, et que la lecture des traités de décroissance vous rebute, alors offrez vous un ciné : le dernier Scorsese, Le Loup de Wall Street, devrait définitivement faire le boulot ! Mais si c'est un conseil littéraire que vous recherchez en lisant ces lignes, alors lisez Belle du Seigneur, si ce n'est pas déjà fait, c'est peut-être la plus belle histoire d'amour jamais rédigée...     Anaïs T.

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