dimanche 19 avril 2015

Vice caché de Thomas Pynchon***


Achevé le 12 avril 2015

Polar psychédélique délirant du romancier le plus mystérieux d'Amérique...

Vice caché (Inhérent vice) de Thomas Pynchon
roman américain, 2009 (éd. Du Seuil), 473 p.

« Doc regarda Bigfoot de plus près. Favoris de pauvre plouc, moustache imbécile, coupe de tifs made in une école de coiffure paumée sur un boulevard désolé, loin de toute définition actuelle du cool. Tout droit sorti du décor d'un épisode d'Auto-Patrouille, série dans laquelle Bigfoot avait d'ailleurs émargé une fois ou deux. » (p.48)



       Je ne sais pas ce que vaut l'adaptation cinématographique de Paul Thomas Anderson, avec Joaquin Phoenix, mais avant le détour par la salle obscure, je crois que le roman de Pynchon est une lecture nécessaire, ne serait-ce que pour approcher un peu le romancier le plus mystérieux des Etats Unis, puisque celui-ci s'est retiré de toute vie publique et médiatisée depuis plus de 40 ans...
        Si on est habitué par les codes du genre à croiser dans les polars des privés bousillés par la vie, cyniques et un brin dépendants à la bouteille, avec Larry Sportello, dit « Doc », le héros de Vice caché, on n'est pas vraiment déçu du voyage. Coiffé d'une coupe afro peroxydée, Doc se situe quelque part entre le surfeur californien déglingué et le hippie drogué, avec dans la vie deux obsessions. La première : résoudre de sombres enquêtes dans les milieux les plus interlopes, d'un casino à un bordel vietnamien, en passant par un rutilant cabinet de dentistes millionnaires et cocaïnomanes, tout ça pour l'amour de son ex-girl friend, Shasta, nana paumée aux mauvaises fréquentations, dans le rôle de la femme fatale. La deuxième : consommer le plus possible, et le plus souvent possible, les produits les plus divers, quitte à être retrouvé complètement dans les vapes sur la scène du crime par le flic Bigfoot.
         Pour être franche, j'avoue ne pas avoir tout compris aux tenants et aboutissants de cette enquête dans le Los Angeles des 70es, fraichement traumatisée par l'affaire Charlie Manson, la langue de Pynchon étant assez difficile et les personnages principaux de toute façon la plupart du temps sous l'emprise d'une bonne marijuana vietnamienne, mais selon moi, l'intérêt du roman est de toutes façons ailleurs. Il s'agit en fait surtout d'une galerie de personnages hauts en couleurs, plus déjantés les uns que les autres, et dont les descriptions sont extrêmement savoureuses et je devine un traducteur patient et obstiné, autant que joueur !- tant la langue de Pynchon est riche, imagée et hautement fantaisiste. A lire d'urgence, mais pas trop vite !
Anaïs T.

Une des seules photographies connues de Thomas Pynchon, né en 1937 dans l'état de New York, l'un des auteurs les plus reconnus et aussi les plus secrets de la littérature américaine.

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