Achevé
le 12
avril
2015
Polar
psychédélique délirant du romancier le plus mystérieux
d'Amérique...
Vice
caché (Inhérent vice)
de Thomas
Pynchon
roman
américain,
2009
(éd. Du
Seuil),
473
p.
« Doc regarda
Bigfoot de plus près. Favoris de pauvre plouc, moustache imbécile, coupe de tifs made in une école de coiffure paumée sur un
boulevard désolé, loin de toute définition actuelle du cool. Tout
droit sorti du décor d'un épisode d'Auto-Patrouille, série dans
laquelle Bigfoot avait d'ailleurs émargé une fois ou deux. »
(p.48)
Je
ne sais pas ce que vaut l'adaptation cinématographique de Paul
Thomas Anderson, avec Joaquin Phoenix, mais avant le détour par la
salle obscure, je crois que le roman de Pynchon est une lecture
nécessaire, ne serait-ce que pour approcher un peu le romancier le
plus mystérieux des Etats Unis, puisque celui-ci s'est retiré de
toute vie publique et médiatisée depuis plus de 40 ans...
Si
on est habitué par les codes du genre à croiser dans les polars des
privés bousillés par la vie, cyniques et un brin dépendants à la
bouteille, avec Larry Sportello, dit « Doc », le héros
de Vice
caché,
on n'est
pas vraiment déçu du voyage. Coiffé
d'une coupe afro peroxydée, Doc se situe quelque part entre le
surfeur californien déglingué et le hippie drogué, avec dans la
vie deux obsessions. La première : résoudre de sombres
enquêtes dans les milieux les plus interlopes, d'un casino à un
bordel vietnamien, en passant par un rutilant cabinet de dentistes
millionnaires et cocaïnomanes, tout ça pour l'amour de son ex-girl
friend, Shasta, nana paumée aux mauvaises fréquentations, dans le
rôle de la femme fatale. La deuxième : consommer le plus
possible, et le plus souvent possible, les produits les plus divers,
quitte à être retrouvé complètement dans les vapes sur la
scène du crime par le flic Bigfoot.
Pour
être franche, j'avoue
ne pas avoir tout compris aux tenants et aboutissants de cette
enquête dans le Los Angeles des 70es, fraichement
traumatisée par l'affaire Charlie Manson,
la langue de Pynchon étant assez difficile et les personnages principaux de toute façon la plupart du temps
sous l'emprise d'une bonne marijuana vietnamienne, mais
selon moi, l'intérêt du roman est de toutes façons ailleurs. Il
s'agit en fait surtout d'une galerie de personnages hauts en
couleurs, plus déjantés les uns que les autres, et dont les
descriptions sont extrêmement savoureuses
–
et je devine un traducteur patient et obstiné, autant que joueur !-
tant la langue de Pynchon est riche, imagée et hautement
fantaisiste. A lire d'urgence, mais pas trop vite !
Anaïs
T.