Achevé
le 5 janvier 2014
Les
Particules élémentaires de
Michel Houellebecq
roman
français, 1998 (éd. Flammarion), 393 p.
Et
si, quinze après, on relisait Houellebecq ? Petit florilège
d'extraits tirés de l'histoire de deux frères, dont le point
commun principal serait l'inadaptation à la société
d'aujourd'hui : deux itinéraires de vie manqués.
«
Pour
l'Occidental contemporain, même lorsqu'il est bien portant, la
pensée de la mort constitue une sorte de bruit de fond qui vient
emplir son cerveau dès que les désirs ou les projets s'estompent.
L'âge venant, la présence de ce bruit se fait de plus en plus
envahissante ; on peut le comparer à un ronflement sourd,
parfois accompagné d'un grincement. A d'autres époques, le bruit de
fond était constitué par l'attente du Royaume du Seigneur ;
aujourd'hui il est constitué par l'attente de la mort. C'est ainsi.
Huxley,
il s'en souviendrait toujours, avait paru indifférent à la
perspective de sa propre mort ; mais il était peut-être
simplement abruti, ou drogué. » (p.104)
« Le
catalogue des 3 Suisses, pour sa part, semblait faire une lecture
plus historique du malaise européen. Implicite dès les premières
pages, la conscience d'une mutation de civilisation à venir trouvait
sa formulation définitive en page 17 ; Michel médita plusieurs
heures sur le message contenu dans les deux phrases qui définissaient
la thématique de la collection : « Optimisme, générosité,
complicité, harmonie font avancer le monde. DEMAIN SERA FEMININ. » »
(p.153)
« Au
fond, se demandait Michel en observant les mouvements du soleil sur
les rideaux, à quoi servaient les hommes ? Il est possible qu'à
des époques antérieures, où les ours étaient nombreux, la
virilité ait pu jouer un rôle spécifique et irremplaçable ;
mais depuis quelques siècles, les hommes ne servaient visiblement à
peu près plus à rien. Ils trompaient parfois leur ennui en faisant
des parties de tennis, ce qui était un moindre mal ; mais
parfois aussi ils estimaient utile de faire avancer l'histoire,
c'est-à-dire essentiellement de provoquer des révolutions ou des
guerres. » (p.205)
« Il
est difficile d'imaginer plus con, plus agressif, plus insupportable
qu'un pré-adolescent, spécialement lorsqu'il est réuni avec
d'autres garçons de son âge. Le pré-adolescent est un monstre
doublé d'un imbécile, son conformisme est presque incroyable ;
le pré-adolescent semble la cristallisation subite, maléfique (et
imprévisible si l'on considère l'enfant) de ce qu'il y a de pire en
l'homme. » (p.209)
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