Achevé
le 13
juin 2015
Cent
ans
d'Herbjǿrg
Wassmo
roman
norvégien,
2009
(éd.10/18),
590
p.
«
J'ai rêvé
que j'étais dans un bateau qui était torpillé, mais que j’arrivais
à rejoindre la terre à la nage. Je rampais sur des pierres en
trainant mon gros ventre, et en y regardant de près je me suis
aperçue que ce n'était pas des pierres mais des soldats morts.
Chacun protégeait sous lui un enfant mort. Ils recouvraient l'enfant
de leur corps... comme un coquillage en quelque sorte. Mais cela
n'avait servi à rien. Ils étaient morts quand même. Et j'étais la
seule au monde à savoir qu'il ne sert à rien de protéger des
enfants morts avec des hommes morts.
-
Que veux-tu dire par être seule à savoir ? Demanda Hans en
avalant le dernier morceau.
-
C'était ainsi, je le savais. Et j'étais toute seule, marmonna
Hjǿrdis.
-
Voilà un bien triste rêve, dit Erda en jetant le premier pain sur
une plaque.
-
J'étais quand même en vie. »
(p.575)
Herbjorg
Wassmo est l'une des romancières les plus fameuses de Norvège, elle
est connue en particulier pour la trilogie L'Héritage
de Karna
et
pour Le
Livre de Dina.
Avec Cent
ans,
c'est à l'histoire de sa propre famille qu'elle s'attaque, à
travers trois générations de femmes fortes. Dans les îles Lofoten,
la nature est sauvage et instable, on se noie, on se perd dans la
tempête, et les médecins sont aussi rares que les livres... fait
d'importance quand la vie est rythmée par les grossesses à
répétition, comme pour l'arrière-grand-mère et la grand-mère de
l'auteur. Quant aux hommes, ils se révèlent ternes, voire pleutres,
bégayants ou déjà mariés, quant ils ne sont pas malfaisants comme
le glacial père de la romancière, qui évoque avec pudeur et
périphrases la terreur qu'elle avait d'étreintes sans doute
incestueuses... Un
roman hommage aux femmes, à leur force, mais aussi à leur
modernité. Anaïs T.
c'est courageux ce que fait cette auteure
RépondreSupprimerTu fais allusion à ce qu'elle révèle de son père ?
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