dimanche 14 juin 2015

Cent ans de Herbjorg Wassmo **



Achevé le 13 juin 2015

Cent ans d'Herbjǿrg Wassmo
roman norvégien, 2009 (éd.10/18), 590 p.

« J'ai rêvé que j'étais dans un bateau qui était torpillé, mais que j’arrivais à rejoindre la terre à la nage. Je rampais sur des pierres en trainant mon gros ventre, et en y regardant de près je me suis aperçue que ce n'était pas des pierres mais des soldats morts. Chacun protégeait sous lui un enfant mort. Ils recouvraient l'enfant de leur corps... comme un coquillage en quelque sorte. Mais cela n'avait servi à rien. Ils étaient morts quand même. Et j'étais la seule au monde à savoir qu'il ne sert à rien de protéger des enfants morts avec des hommes morts.
- Que veux-tu dire par être seule à savoir ? Demanda Hans en avalant le dernier morceau.
- C'était ainsi, je le savais. Et j'étais toute seule, marmonna Hjǿrdis.
- Voilà un bien triste rêve, dit Erda en jetant le premier pain sur une plaque.
- J'étais quand même en vie. » (p.575)



Herbjorg Wassmo est l'une des romancières les plus fameuses de Norvège, elle est connue en particulier pour la trilogie L'Héritage de Karna et pour Le Livre de Dina. Avec Cent ans, c'est à l'histoire de sa propre famille qu'elle s'attaque, à travers trois générations de femmes fortes. Dans les îles Lofoten, la nature est sauvage et instable, on se noie, on se perd dans la tempête, et les médecins sont aussi rares que les livres... fait d'importance quand la vie est rythmée par les grossesses à répétition, comme pour l'arrière-grand-mère et la grand-mère de l'auteur. Quant aux hommes, ils se révèlent ternes, voire pleutres, bégayants ou déjà mariés, quant ils ne sont pas malfaisants comme le glacial père de la romancière, qui évoque avec pudeur et périphrases la terreur qu'elle avait d'étreintes sans doute incestueuses... Un roman hommage aux femmes, à leur force, mais aussi à leur modernité. Anaïs T.


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