Achevé
le 28 février 2015
Cherchez
la femme d'Alice
Ferney
roman
français, 2013 (éd. Actes Sud), 703 p.
« Le mois de
septembre fut un déluge d'eau et de tristesse. Après l'été à
psalmodier l'extatique nouvelle, à répéter les lettres magiques,
E.N.S., en toisant le monde, il fallut songer à poursuivre dans la
réalité. La suite, c'était le départ du héros. Serge fit sa
valise, empaqueta quelques affaires, aux fins d'installer la chambre
qu'il occuperait à Paris, sur la Montagne Sainte-Geneviève, pour
les années que durerait les études à l'Ecole. Vladimir et Nina
l'accompagnèrent en voiture la veille de la rentrée scolaire. Ils
semblaient embarrassés d'eux-mêmes et comme perdus au milieu de
cette cohorte de jeunes talentueux qui faisaient de leur fils un
élève parmi d'autre et non plus le crack unique qu’ils
vénéraient. Ils embrassèrent leur trésor et repartirent
prestement dans le havre de Chateaudun reconstruire le mythe
familial. » (p.178)
Alice Ferney entreprend
dans ce volumineux roman de raconter l'histoire d'un couple, celui
formé par Serge et par Marianne. Plus que d'une histoire d'amour,
c'est d'une histoire de vie qu'il s'agit-là. On se rencontre, on
s'aime – mais s'aime-t-on vraiment, ou aime-t-on l'image que l'on
renvoie aux autres ? Et puis surtout, est-on vraiment libre de
construire sa vie comme on le veut ? N'est-on pas, et en
permanence, plus ou moins conditionné par notre éducation, par les
travers de nos parents, par le poids du regard qu'ils continuent à
poser sur nous, sur notre métier, sur notre conjoint, nos enfants ?
Finalement,
Cherchez
la femme,
c'est un peu Madame
Bovary
à l'envers. Serge est totalement prisonnier de ses ambitions de
normalien, de son statut d'enfant génial, de son égoïsme : il
se rêve ailleurs, en mieux, capable de quitter femme et enfants pour
une navigatrice au long cours, aussi égocentrée que lui. Marianne
est patiente, raisonnable, elle croit au bonheur conjugal, envers et
contre tout. Une histoire de vie, de turpitudes, de bassesses et de
grandeurs, qui fait nécessairement réfléchir non seulement à
notre époque, mais à nos choix individuels et à nos rapports avec
l'autre. Anaïs T.
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