vendredi 6 mars 2015

Cherchez la femme d'Alice Ferney**


Achevé le 28 février 2015

Cherchez la femme d'Alice Ferney
roman français, 2013 (éd. Actes Sud), 703 p.



« Le mois de septembre fut un déluge d'eau et de tristesse. Après l'été à psalmodier l'extatique nouvelle, à répéter les lettres magiques, E.N.S., en toisant le monde, il fallut songer à poursuivre dans la réalité. La suite, c'était le départ du héros. Serge fit sa valise, empaqueta quelques affaires, aux fins d'installer la chambre qu'il occuperait à Paris, sur la Montagne Sainte-Geneviève, pour les années que durerait les études à l'Ecole. Vladimir et Nina l'accompagnèrent en voiture la veille de la rentrée scolaire. Ils semblaient embarrassés d'eux-mêmes et comme perdus au milieu de cette cohorte de jeunes talentueux qui faisaient de leur fils un élève parmi d'autre et non plus le crack unique qu’ils vénéraient. Ils embrassèrent leur trésor et repartirent prestement dans le havre de Chateaudun reconstruire le mythe familial. » (p.178)



Alice Ferney entreprend dans ce volumineux roman de raconter l'histoire d'un couple, celui formé par Serge et par Marianne. Plus que d'une histoire d'amour, c'est d'une histoire de vie qu'il s'agit-là. On se rencontre, on s'aime – mais s'aime-t-on vraiment, ou aime-t-on l'image que l'on renvoie aux autres ? Et puis surtout, est-on vraiment libre de construire sa vie comme on le veut ? N'est-on pas, et en permanence, plus ou moins conditionné par notre éducation, par les travers de nos parents, par le poids du regard qu'ils continuent à poser sur nous, sur notre métier, sur notre conjoint, nos enfants ?
Finalement, Cherchez la femme, c'est un peu Madame Bovary à l'envers. Serge est totalement prisonnier de ses ambitions de normalien, de son statut d'enfant génial, de son égoïsme : il se rêve ailleurs, en mieux, capable de quitter femme et enfants pour une navigatrice au long cours, aussi égocentrée que lui. Marianne est patiente, raisonnable, elle croit au bonheur conjugal, envers et contre tout. Une histoire de vie, de turpitudes, de bassesses et de grandeurs, qui fait nécessairement réfléchir non seulement à notre époque, mais à nos choix individuels et à nos rapports avec l'autre.    Anaïs T.


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