Achevé
le 2
novembre
2013
Snuff
de Chuck
Palahnuik
roman
américain,
2012 (éd. Points), 213
p.
«
Au milieu des
escaliers, les numéros 247 et 354 agitent leur bidoche, mains
fourrées sous l'élastique du caleçon, et attendent. Sheila leur
dit : « Messieurs, je vous demande un peu de patience. »
Elle dit : « Pour le bien être de miss Wright, nous avons
besoin de procéder de manière calme et organisée. » »
(p.111)
Pour
ceux qui ne connaissent pas le sulfureux Chuck Palahniuk, pensez au
film Fight
club,
c'est une adaptation de l'un de ses romans. Il est aussi l'auteur de
l'excellent Choke,
dont en effet on peine à se remettre tant l'écriture est forte et à
contre courant... On pourrait dire en quelque sorte que Chuck
Palahnuik est un Houellebecq américain, qui aurait troqué la
sinistrose
franchouillarde contre des paillettes plus américaines...
Snuff
est en soi une provocation : une hardeuse déguise son suicide
en un gigantesque show porno, le plus grand bang gang de tous les
temps, un marathon de 600 partenaires auquel de toutes façons elle
ne survivra pas... L'intérêt réside dans le choix de l'écriture :
nous ne verrons rien de cette prestation, sinon le final, explosif.
L'auteur préfère nous raconter ces quelques heures depuis la
coulisse, à travers les consciences et les propos de trois de ces
participants masculins. Le pathétique n°137, vedette de la télé
dont le coming out homosexuel a brisé la carrière, est en quête de
« réhabilitation » publique par ce qu'il croit être
l'ultime performance virile, être
l'un des 600 mâles de ce record mondial... Le n°600, célèbre
hardeur lui-même, partenaire habituel de Cassie Wright, dont les
mauvaises langues chuchotent qu'il serait à l'origine de sa
carrière, une voie pas vraiment librement choisie... Et ce pauvre
n°72, jeune homme timide, persuadé d'être le fils caché de la
porno star, et bien décidé à « sauver môman »... Dans
ce texte, à ne pas mettre entre toutes le mains, pathétique et
humour s'entremêlent, et, si c'est à la mise à mort d'une pauvre
femme que l'on assiste, c'est en même temps le triomphe d'une autre,
beaucoup plus machiavélique, qui se dévoile, et toute accusation de
misogynie à l'égard du dernier roman de Chuck Palahnuik se trouve
ainsi anéantie ! Pas son meilleur roman, mais un texte
savoureux malgré tout… Anaïs T.
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