dimanche 10 novembre 2013

Snuff de Chuck Palahnuik**


Achevé le 2 novembre 2013

Snuff de Chuck Palahnuik
roman américain, 2012 (éd. Points), 213 p.

«  Au milieu des escaliers, les numéros 247 et 354 agitent leur bidoche, mains fourrées sous l'élastique du caleçon, et attendent. Sheila leur dit : « Messieurs, je vous demande un peu de patience. » Elle dit : « Pour le bien être de miss Wright, nous avons besoin de procéder de manière calme et organisée. » » (p.111)



Pour ceux qui ne connaissent pas le sulfureux Chuck Palahniuk, pensez au film Fight club, c'est une adaptation de l'un de ses romans. Il est aussi l'auteur de l'excellent Choke, dont en effet on peine à se remettre tant l'écriture est forte et à contre courant... On pourrait dire en quelque sorte que Chuck Palahnuik est un Houellebecq américain, qui aurait troqué la sinistrose franchouillarde contre des paillettes plus américaines...
Snuff est en soi une provocation : une hardeuse déguise son suicide en un gigantesque show porno, le plus grand bang gang de tous les temps, un marathon de 600 partenaires auquel de toutes façons elle ne survivra pas... L'intérêt réside dans le choix de l'écriture : nous ne verrons rien de cette prestation, sinon le final, explosif. L'auteur préfère nous raconter ces quelques heures depuis la coulisse, à travers les consciences et les propos de trois de ces participants masculins. Le pathétique n°137, vedette de la télé dont le coming out homosexuel a brisé la carrière, est en quête de « réhabilitation » publique par ce qu'il croit être l'ultime performance virile, être l'un des 600 mâles de ce record mondial... Le n°600, célèbre hardeur lui-même, partenaire habituel de Cassie Wright, dont les mauvaises langues chuchotent qu'il serait à l'origine de sa carrière, une voie pas vraiment librement choisie... Et ce pauvre n°72, jeune homme timide, persuadé d'être le fils caché de la porno star, et bien décidé à « sauver môman »... Dans ce texte, à ne pas mettre entre toutes le mains, pathétique et humour s'entremêlent, et, si c'est à la mise à mort d'une pauvre femme que l'on assiste, c'est en même temps le triomphe d'une autre, beaucoup plus machiavélique, qui se dévoile, et toute accusation de misogynie à l'égard du dernier roman de Chuck Palahnuik se trouve ainsi anéantie ! Pas son meilleur roman, mais un texte savoureux malgré tout… Anaïs T.

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